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Le mot du pasteur
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Prier sans cesse et ne jamais perdre courage …

Au début du chapitre 18 de l’évangile de Luc, Jésus enseigne la prière à ses disciples et l’attitude dans la prière : prier sans cesse et ne jamais perdre courage.
La parabole que Jésus choisit pour souligner son enseignement sur la prière est inhabituelle :
C’est l’histoire dont le héros est une héroïne : une veuve. C’est le récit d’un combat ; un combat à priori tout à fait inégal ! Un combat perdu d’avance, comme on en connaît tous et toutes ; comme le monde en connaît.
La prière de la veuve imagée dans la parabole, c’est cette demande faite à un juge injuste. Elle demande. Elle n’a de cesse de demander : « fais-moi justice contre mon adversaire ». Et lejuge refuse et il refuse encore. On nous dit même qu’il refuse pendant longtemps…De quoi baisser les bras !
La veuve ne lâchera pas le morceau. Elle est dans une dynamique d’action et pas de passivité ni de résignation. Cette veuve, elle se déplace. Elle va ; elle va régulièrement jusqu’au juge.
Elle ne reste pas tranquillement chez elle en se disant : « maintenant que les choses sont dites, j’attends ». Pas d’attente passive. De l’action et toujours de l’action.
La prière, nous enseigne Jésus, est ce lien avec Dieu ; c’est ce qui peut permettre et nourrir une relation avec Dieu. C’est une parole adressée à Dieu, avec nos mots, qui nous permet de ressentir la proximité de Dieu, de réveiller en nous cette fibre spirituelle qui a tendance à très vite s’endormir.
Prier, c’est au fond déjà croire que nous ne sommes pas dans un monde cyclique où tout se répète à l’infini, mais dans un monde linéaire, où les choses peuvent avancer, où les situations peuvent bouger. Prier, c’est aussi se décentrer de soi, de son individualisme, de ses propres préoccupations, pour remettre à Dieu des situations difficiles, et puiser des forces pour devenir acteur dans le monde. C’est avoir la force de Dieu dans son cœur, dans ses bras, dans sa tête ! Prier enfin, c’est parler à Dieu simplement, avec nos petits mots et nos grands silences, avec nos balbutiements et nos doutes ; mais c’est, en tous cas, replacer Dieu à sa place de Dieu, et non pas croire que nous sommes de puissants petits dieux.
La prière est la force de l’action encouragée, soutenue, validée par Dieu. La prière sans l’action, c’est comme la parole donnée sans l’engagement qui va avec.
Alors, cette veuve va. Elle agit. C’est peut-être ce qui nous manque parfois : la constance : la constance dans nos projets, constance dans nos choix, constance dans nos combats.
Avec le Christ, il nous est donné et même offert de ne jamais désespérer. JAMAIS !
C’est le Christ qui est notre espérance. Même quand une situation semble sans issue : espérer contre toute espérance, comme l’a dit l’apôtre Paul. Y croire, même quand tout paraît s’écrouler autour de nous. Ne pas s’enfermer, comme les disciples l’ont fait après la crucifixion et la mort de Jésus ; mais croire, toujours croire en la résurrection, c’est-à-dire la victoire de la vie sur la mort ; la victoire de la justice sur l’injustice ; la victoire de la réconciliation sur la déchirure ; la victoire de la reconstruction sur l’échec. Croire que le Dieu de Jésus-Christ ne nous laisse pas errer mais nous assure de sa présence et aussi de son action qui nous accompagnent.
Voilà, l’espérance chrétienne, qui doit toujours accompagner notre prière et notre action surtout en ce dernier mois l’année 2025 qui nous ouvre sur l’an 2026. Espérer et croire que le faible peut prendre le dessus sur le fort, que l’impossible se transforme en possible, que l’inattendu devient réalité avec le Dieu de Jésus-Christ.
Cette voie nouvelle est offerte à nous tous et toutes. A chacun, à chacune, la liberté de s’y engager, de prier, d’agir et d’espérer.
Charles KLAGBA
Choisir la bonne part…
C’est l’offre que nous fait Jésus pour notre engagement de foi dans l’évangile de Luc 10 : 38-42.
Jésus rentre entre dans un village, dont le nom n’est pas mentionné dans le récit de Luc ; d’autres passages des évangiles montrent qu’il s’agit de Béthanie, dont le nom signifie : maison de la grâce. Il est donc reçu dans la maison de Marthe qui semble avoir été l’aînée des deux sœurs : Marthe et Marie. Toutes deux aimaient aussi leur Seigneur Jésus, mais de façon différente à cause de leur caractère respectif.
Nous avons donc deux femmes qui aimaient Jésus, qui avaient foi en lui et qui étaient prêtes à le servir. Marthe s’affaire à la cuisine et Marie au pied de Jésus l’écoute.
Souvent à travers les personnes de Marthe et Marie on voudrait opposer l’action à l’écoute de la Parole. Mais cette distinction est rapide et superficielle.
Certes, l’évangéliste Luc cherche à distinguer une Marie qui écoute et médite et une Marthe qui sert ou si vous voulez, une Marie qui écoute et une Marthe qui s’épuise à exercer l’hospitalité.
Le narrateur ne cesse de mettre en relief l’importance d’écouter la Parole de Dieu, car toute action qui ne découle pas d’un accueil de l’Évangile risque de demeurer stérile : c’est de l’activisme pur et simple que nous pouvons observer parfois dans nos communautés avec des discours qui interrogent sur notre foi et notre engagement réel à Christ.
Il est précieux de servir Jésus comme Marthe, mais il est plus précieux encore de goûter sa communion dans le silence et de tout recevoir de lui, comme Marie. Il n’y a pas à choisir entre Marthe et Marie mais à entendre les questions que leur rencontre avec Jésus nous posent.
Marthe cherche à exister, croit donner sens à sa vie par ses actes. Cependant pour pouvoir agir et bien agir, il faut d’abord prendre le temps d’écouter celui qui ne cesse de nous répéter son amour. Autrement, nous ne faisons que nous agiter et passons notre vie à faire des choses qui agacent tout le monde et sèment la zizanie comme Marthe tente de le faire auprès Jésus.
Marie a choisi la bonne part qui ne devait pas lui être ôtée, ni pour le temps présent, ni pour l’éternité.
Appliquons nous à imiter l’exemple de Marie dont le cœur s’est d’abord attaché à Jésus, et qui recevait les paroles de grâce de sa bouche, dans la jouissance de sa communion. Manifestons en même temps l’engagement, la ferveur, la motivation de Marthe, en nous gardant, toutefois, de mettre notre service à la place de Christ et de son amour. Le service ne doit jamais être une source de distraction, d’auto valorisation, ni de tourments. Le Christ lui-même n’est-il pas le modèle du vrai serviteur et du parfait service ? Il n’a jamais rien fait pour lui-même, mais a dit : « ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » Jean 4. 34.
Oui, le renouveau spirituel de chaque chrétien, de chaque fidèle et de là, le renouveau permanent de nos communautés, ne naîtront que de ces longs moments d’écoute aux pieds du Christ, par l’étude et à la méditation assidues de sa Parole.
Charles KLAGBA
